Il s’agit de la seconde plus haute tour marseillaise et de la cinquième plus haute tour de province après les deux tours lyonnaises que sont la Tour Incity (200 m), la Tour Part-Dieu (165 m), la Tour CMA-CGM à Marseille (145m), et la Tour Bretagne à Nantes. Les trois quarts des plateaux du bâtiment sont occupés et financés par des groupes publics ou étroitement liés aux marchés publics (Métropole, ville, chambre de commerce, Sodexo, etc.) partenaires du projet initial. Les seules entreprises privées sont Orange et Haribo, ce qui, d’après le magazine Capital, contredit le discours des aménageurs sur l’attractivité du quartier d’affaires Euroméditerranée. Depuis d’autres entreprises privées ont rejoint le bâtiment. Les deux derniers niveaux de l’immeuble, les plus prestigieux, sont loués par le World Trade Center Marseille-Provence, centre d’affaires international de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence (CCIAMP) qui y a installé son « sky center« , espace réceptif destiné notamment à l’accueil des investisseurs étrangers.
Le chantier de la tour La Marseillaise a commencé le 17 décembre 2014. Après plus d’un an de pause, le chantier a repris à l’été 2016 pour une inauguration en octobre 2018. Le bâtiment se situe au cœur du quartier d’affaires de Marseille, Euroméditerranée.
La tour est desservie par la station Tramway de Marseille Ligne 2 du tramway de Marseille et Tramway de Marseille Ligne 3 du tramway de Marseille Arenc-Le Silo du tramway de Marseille. Une gare SNCF située au pied de la tour, nommée « Euroméditerranée-Arenc », a ouvert ses portes le 3 février 2014.
L’architecte Jean Nouvel a beaucoup joué avec les formes et les couleurs lors de l’élaboration de cette tour. En effet, la façade se compose d’une trame à laquelle ont été ajoutés des brise-soleil dans le but de donner de la profondeur et dont les couleurs créent des vibrations et une perception différente en fonction des angles de vue. Les teintes sont différentes selon l’angle de vue, et l’on peut y percevoir un dégradé bleu blanc rouge, clin d’œil au drapeau français et au nom de la tour qui rappelle l’hymne national français. Des espaces paysagés ponctuent la tour et offrent un traitement particulier aux toitures.
Quelques chiffres techniques :
- 27 couleurs et 3 éclats déclinés sur les 3 500 brise-soleil polychromes.
- 3 500 pièces de brise-soleil uniques en BFUHP (Béton Fibré Ultra-Haute Performance) assemblés sous forme de puzzle 3D qui habillent les 17 000 m² de façades vitrées.
- 1 700 tonnes d’armatures métallique, 2 400 tonnes de charpente métallique
L’immeuble a obtenu la deuxième place à l’Emporis Skyscraper Award de l’année 2018, un prix distinguant les plus remarquables gratte-ciel de l’année décerné par l’entreprise allemande Emporis. Le jury a été impressionné par le jeu des couleurs de la façade qui le distingue des gratte-ciel actuels dont la façade est souvent de couleur uniforme, et par sa conception écologique avec par exemple son système d’air conditionné non conventionnel qui refroidit l’immeuble en utilisant de l’eau froide de la mer, ce qui limite la consommation d’électricité. En juin 2022 Perial Asset Management rachète la tour au trio Caisse des dépôts, Caisse d’épargne CEPAC et Swiss Life.
Jean Nouvel
né le 12 août 1945 à Fumel, dans le Lot-et-Garonne, est un architecte français contemporain de renommée internationale au point qu’Angelina Jolie et Brad Pitt ont nommé leur fille Shiloh Nouvel en hommage à l’architecte !
Le Palais de la culture et des congrès de Lucerne, inauguré en 1999, renforce sa notoriété internationale. Lui sont alors confiés la Dentsu Tower de Tokyo, l’extension du Musée Reina Sofía de Madrid, la Tour Agbar de Barcelone et le théâtre Guthrie de Minneapolis. Il reste attaché à la Dordogne, où il réalise le musée gallo-romain de Périgueux, Vesunna, et l’aménagement de l’église Sainte-Marie de Sarlat en marché couvert.
Jacques Chirac le choisit pour bâtir le Musée du quai Branly, inauguré le 23 juin 2006, après 11 ans de travaux et une facture passée de 167 millions à 235 millions d’Euros, à cause notamment des fouilles archéologique rendues nécessaires par la présence de vestiges de l’exposition universelle de 1937.
Ses réalisations font la part belle au métal et au verre, jouant sur la transparence et les effets de lumière. Il travaille régulièrement pour le réaménagement des monuments anciens, comme pour l’Opéra de Lyon ou l’église de Sarlat. Pour autant, il revendique une absence de « style Nouvel », concevant chaque projet comme nouveau, toujours en dialogue avec le contexte du bâtiment.
Sa carrière est récompensée par le Prix Pritzker le 30 mars 2008, Thomas Pritzker soulignant « sa recherche courageuse d’idées nouvelles et sa remise en cause des normes acceptées afin de repousser les limites de son champ d’activité», et lui reconnaissant « la persistance, l’imagination, l’exubérance et, par-dessus tout, une insatiable envie d’expérimentation ».
Mais, pour le Temps, en 2011, « alors que son prestige est parvenu au pinacle, son image publique semble ternie. Lui qui exerçait une présence publique stimulante est de plus en plus ressenti par les jeunes architectes français comme un personnage écrasant. […] Contre les critiques, Jean Nouvel se protège par la posture dominante, le coup de gueule et une forme d’isolement.»
Successivement associé à François Seigneur et Gilbert Lézénès en 1972, à Gilbert Lézènés et Pierre Soria en 1981, à Emmanuel Blamont, Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart en 1984, et à Emmanuel Cattani en 1989, il fonde son propre atelier en 1994.
À la tête d’une équipe de 150 collaborateurs, il dispose d’agences à Paris, en Espagne, en Suisse et en Italie pour la réalisation de ses derniers projets : la Life Marina à Ibiza, le Louvre Abou Dabi, la gare du Midi à Bruxelles, la Philharmonie de Paris, en complément de la Cité de la musique, la tour de Verre du MoMA à Manhattan.
L’architecte est critiqué pour ses réguliers dépassements de crédits, comme pour le chantier du Musée du Quai Branly, le coût des panneaux rouillés du monolithe du lac de Morat pour l’Exposition nationale suisse de 2002, les travaux de rénovation de la toiture du Palais de la culture et des congrès de Lucerne, la construction de la tour de l’Hôtel de police de Charleroi en 2014, la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire de Genève ou encore la construction de la Philharmonie de Paris pour laquelle Jean Nouvel a porté plainte contre la maître d’ouvrage pour n’avoir pas respecté 26 points du dessin original.
Outre l’architecture, il s’intéresse également à la scénographie, en particulier par la rencontre de Jacques Le Marquet en 1976, participant notamment aux expositions « Les Années 50 » au Centre Pompidou en 1988, ainsi que « Le Futur du travail » et « La Mobilité » à l’Expo 2000 à Hanovre.
Il met en scène des spectacles de danse et se charge de la muséographie du quai Branly. À la tête de Jean Nouvel Design, on lui doit aussi de nombreuses créations, dont de nouveaux emballages pour les chocolats Cailler Nestlé, en 2006, critiqués pour leur esthétique et le caractère non écologique du plastique employé, puis abandonnés à cause de la chute des ventes.