
Le port de Marseille Fos franchit une étape majeure en 2025 avec la révélation de son futur siège social et la valorisation de la Halle J0. Ce projet architectural, d’un montant global de 120 millions d’euros, conçu comme un signal fort d’ouverture sur la ville, incarne la transformation du territoire. Il s’inscrit dans une démarche de modernisation et de valorisation patrimoniale autour de l’activité portuaire. Le siège du GPMM datant des années 50 et 60 (par l’architecte A. Devin) va être détruit afin d’y reconstruire un nouveau bâtiment de 9 000 m2 . Ce concours portait sur la réhabilitation de la halle Eiffel (J0) et ses deux nefs datant de 1852, présentant un intérêt architectural, elle accueillera les plus de 260 salariés de l’instance portuaire. Le bâtiment intégrera également un auditorium, une salle de réunion, des activités tertiaires (restaurants, commerces…) et le « Port center » sur 1 000 m2 avec des animations et visites au public sur les quais et autres lieux de vie du port. Les lauréats, l’agence Corinne Vezzoni et Associés, et l’ambitieux projet ont été dévoilés en septembre 2025. Le nouveau siège accueillera les salariés du Port de Marseille Fos à partir de 2028. La halle dite “J0” réhabilitée sera livrée en 2030.
Le port de Marseille Fos est à un tournant de son histoire. Dans un contexte de transformation profonde des usages portuaires, de transition écologique et d’évolution des attentes sociétales, il est essentiel de doter l’établissement d’un siège social à la hauteur de ses ambitions. Le projet Phare répond à cette nécessité : offrir un lieu de travail moderne, fonctionnel et fédérateur, capable d’incarner l’identité du Port et de soutenir son rayonnement régional, national et international. Ce nouveau siège est aussi une réponse aux besoins concrets des salariés du port. Il permettra de regrouper les fonctions stratégiques dans un bâtiment emblématique, pensé pour améliorer les conditions de travail, de confort et
Le projet Phare poursuit trois objectifs majeurs :
Modernisation : offrir aux agents un environnement de travail adapté aux standards contemporains, avec des espaces collaboratifs, des équipements performants et une organisation fonctionnelle efficiente.
Visibilité : affirmer la présence du Port dans le paysage urbain marseillais, en créant un bâtiment repère, ouvert sur la Ville et accessible aux partenaires institutionnels et économiques.
Durabilité : inscrire le projet dans une démarche environnementale exemplaire, avec des choix architecturaux et techniques visant la sobriété énergétique, la valorisation des matériaux et l’intégration paysagère.
Le choix du constructeur s’est inscrit dans une démarche transparente et résolument collégiale. Dès l’origine, le Port a souhaité associer les partenaires institutionnels et techniques à chaque étape du processus, afin de garantir l’adhésion collective autour d’un projet structurant pour le territoire. Selon le Port, “Le groupement mené par Eiffage s’est distingué par la qualité de sa proposition architecturale, son engagement environnemental, sa capacité à valoriser le patrimoine portuaire (Halle J0) et à répondre aux exigences fonctionnelles du Port. Son projet a su convaincre les membres des commissions consultatives, les équipes techniques et les instances de gouvernance du Port. Ce choix reflète une volonté forte : celle de construire un siège social exemplaire, à la fois opérationnel, durable “ouvert sur la Ville, le territoire national et l’international.”
Histoire de la Halle J0
La Halle J0 est un témoin précieux de l’histoire industrielle et urbaine de Marseille. Son origine remonte à 1893, lorsque la Compagnie des Docks & Entrepôts de Marseille entreprend sa construction sur la traverse de la Joliette, en partenariat avec les Messageries Maritimes. Elle succède à un premier hangar en bois édifié en 1856, destiné à abriter les services de navigation dans le nouveau port moderne, né au nord de la Ville. La Joliette devient alors le cœur battant de la relation entre Ville et Port. La place, conçue comme un espace de connexion, voit cohabiter les infrastructures maritimes, les entrepôts, les voies ferrées et les immeubles haussmanniens. Le J0 s’inscrit dans cette dynamique, en bordure du bassin de la Joliette, dans un secteur stratégique reliant le Vieux-Port à la Digue du Large. Sa structure métallique, conçue par la Compagnie de Fives-Lille, est saluée dès son inauguration en 1894 pour son élégance et sa fonctionnalité.
Au fil du XXe siècle, le J0 subit de nombreuses transformations. Il est intégré dans le complexe des môles J1 à J4, puis amputé d’un tiers lors de la création du bassin de la Grande Joliette dans les années 1950. Des bâtiments administratifs viennent masquer ses façades, tandis que de nouveaux hangars et équipements portuaires se greffent à ses extrémités. Malgré ces évolutions, le J0 conserve son identité et sa valeur patrimoniale. À partir des années 2000, le secteur de la Joliette entre dans une nouvelle phase de mutation urbaine, portée par le projet Euroméditerranée. Le J0 devient un point d’ancrage entre les fonctions portuaires et les nouveaux usages urbains : passerelles, gare maritime temporaire, centre commercial Les Terrasses du Port… autant d’éléments qui redessinent les contours de cette interface historique.
En 2022, le Port annonce la réhabilitation du J0 et la construction de son nouveau siège en façade sur la place de la Joliette. Ce choix marque une volonté forte : celle de renouer avec l’histoire, de valoriser un patrimoine portuaire emblématique, et de réaffirmer la présence du Port dans le tissu urbain marseillais. La Halle J0 devient ainsi le symbole d’un port qui se transforme sans renier ses racines, et qui s’ouvre à la Ville dans le respect de son identité.
Le projet architectural & urbain
L’agence Corinne Vezzoni et Associés ont dévoilé en septembre 2025 les grandes lignes du projet architectural “le Phare” concernant le nouveau siège social du Port et la réhabilitation de la Halle J0, aux côtés de ses partenaires, Eiffage et les architectes du patrimoine Matonti-Politi. Pensé pour renforcer l’attractivité internationale de Marseille, le projet Phare vise à créer un lieu vivant, ouvert au public et porteur d’une véritable mixité d’usages permettant de conserver les activités portuaires. Il vient alors couronner plus d’un an de travail collaboratif, mêlant conception architecturale, dialogues techniques approfondis et innovations durables. Il confirme l’expertise reconnue de l’agence Corinne Vezzoni en matière d’aménagements urbains ambitieux, respectueux de l’environnement et du patrimoine.
Le projet Phare s’inscrit dans une dynamique de transformation du port de Marseille Fos : modernisation des infrastructures, transition énergétique, décarbonation des activités portuaires et ouverture sur la Ville. Il accompagne cette mutation, en assumant la modernité du Port tout en valorisant son héritage industriel. Le site J0, longtemps perçu comme une frontière entre la Ville et le port, a pourtant joué un rôle moteur dans l’histoire marseillaise depuis la création du bassin de la Joliette en 1845. L’agence Corinne Vezzoni et Associés y propose aujourd’hui une requalification ambitieuse, inspirée du tracé originel, pour reconnecter Marseille à son port par des parcours piétons, des espaces publics généreux et une ouverture renouvelée sur la mer.
L’agence et ses partenaires signent un projet architectural capable de répondre à des contraintes majeures. L’un des enjeux était de rouvrir l’accès aux quais sans perturber l’activité portuaire, en organisant intelligemment les usages et les temporalités.
Autre défi : intégrer l’opération dans un tissu urbain dense, à proximité immédiate du centre commercial des Terrasses du Port. L’agence a ainsi restauré les deux halles historiques type Eiffel datant du XIXe siècle, tout en dessinant une nouvelle façade maritime harmonieuse, en dialogue avec les bassins portuaires et la digue du large. La nouvelle composition urbaine s’organise autour d’une nouvelle voirie qui fluidifie les connexions entre la Joliette, le boulevard du Littoral et les quais Ouest et de deux grands axes piétons : la re-création de la traverse historique de la Joliette, et une diagonale prolongeant la digue jusqu’aux Terrasses du Port, afin de rétablir une continuité de promenade urbaine et portuaire. Le nouveau siège du port de Marseille Fos d’une surface totale de 8 800 m² est repensé symboliquement face à la mer, à l’opposé de sa position actuelle, affirmant le rôle central du Port dans la Ville et redonnant toute sa visibilité à la place de la Joliette, porte d’entrée emblématique de la cité phocéenne.
Les nouveaux bureaux, qui intègrent également un institut de formation, s’organisent autour de deux ailes disposées en équerre, tandis que la façade maritime Ouest comprend un grand auditorium de 450 places avec vue mer, privatisable, le seul à offrir un tel panorama sur la métropole. La halle type Eiffel et ses deux nefs retrouvent leur volume d’origine et seront réhabilitées avec soin : la nef Nord abritera environ 3000 m² de programme mixte, et la nef Sud, plus ouverte et modulable, des événements d’envergure.
En complément de ce socle institutionnel et patrimonial, le projet prévoit la réhabilitation d’environ 20000 m² d’espaces supplémentaires destinés à accueillir des immeubles de bureaux, un Port center, un espace muséal, une grande esplanade, un square végétalisé, ainsi que des commerces et des restaurants ouverts au public la majeure partie de l’année. Si seuls les locaux du Port sont aujourd’hui précisément définis, les autres espaces seront développés en fonction des futurs preneurs. La livraison du siège est attendue pour 2028, celle des halles et du reste du programme pour 2030. Le projet valorise des matériaux emblématiques du lieu, comme la terre cuite en façade, clin d’œil aux anciennes tuileries marseillaises et reprend les codes de l’architecture portuaire (toitures en pente typiques des halles et docks du XIXe siècle).
À la croisée du passé industriel et du renouveau urbain, ce projet emblématique incarne l’importance stratégique, nationale et internationale du port de Marseille Fos. Corinne Vezzoni et Associés et ses partenaires y déploient une vision à la fois audacieuse et sensible de la ville portuaire, transformant le site en un espace vivant et ouvert sur la mer tout en répondant aux attentes d’une métropole méditerranéenne en transition. Une vision globale, à la fois fonctionnelle et durable, fruit d’un travail collectif qui, dès 2028, insufflera une nouvelle respiration à ce site historique.
Retour sur l’histoire du GPMM…

Le siège du GPMM au 19ème siècle
Le grand port maritime de Marseille, (GPMM) précédemment connu comme « port autonome de Marseille » (PAM) est un établissement public de l’État français, qui exerce conjointement des missions de service public administratif et des missions de service public à caractère industriel et commercial, et dont la tutelle de l’État est exercée par la Direction générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer du ministère de la transition écologique et solidaire. Il a le statut de grand port maritime et est donc géré comme un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Il est chargé d’exploiter, de gérer et de promouvoir les installations portuaires de Marseille à Fos-sur-Mer. Lors du bilan de l’année 2016, en ce qui concerne le trafic total de marchandises, avec 81 millions de tonnes traitées, c’est le premier port français (et le second en EVP), le deuxième port de la Méditerranée et le cinquième port européen. En 2013, il était le cinquante-et-unième port mondial. Il dispose de la plus grande forme de radoub de la Méditerranée, la forme 10.
La tendance de son activité, globalement à la baisse depuis la crise économique mondiale de 2008, consiste en une réduction du transport d’hydrocarbures et de passagers en ferries, et une augmentation du transport de conteneurs et de croisiéristes. L’activité passagers a progressé de 67% avec 1,5 million de passagers accueillis entre janvier et fin juin 2023. Après deux années record, le conteneur a retrouvé son niveau de 2019.
Histoire
xixe siècle : aménagement du Bassin de la Joliette

Le Vieux-Port saturé
L’extension du Vieux-Port était envisagée depuis longtemps, mais au début du xixe siècle les projets ne se concrétisent pas, à l’instar du projet de 1805 de construire un nouveau bassin vers le sud. Les seuls travaux sont des consolidations, la construction d’un bassin de carénage en 1829 (avec sa machine à vapeur en 1836). En 1833, l’ingénieur Victor Poirel commence la construction de la digue d’Alger avec la nouvelle technique de grands blocs de béton, qui sont moins coûteux et bien plus résistants aux vagues que les anciens ouvrages de maçonnerie. Dans les années 1840, le trafic maritime devient trop intense pour les capacités du Vieux-Port (encombrement, capacité d’accueil), et une extension paraît indispensable. Le trafic passe de 1 374 067 tonneaux en 1830 à 2 932 005 tonneaux en 1847. Des projets modestes d’extension se succèdent. Deuxième port de France, l’enjeu devient trop important et la décision échappe à la ville ; par la loi du 5 août 1844 le gouvernement ordonne la construction du bassin de la Joliette, au nord du Vieux-Port, à travers un ambitieux chantier (18 millions de francs). La construction de la digue du Large reprend les techniques de blocs de béton. Les infrastructures de la Joliette commencent à être utilisées dès 1847. Le bassin sera achevé en 1853. Le port auxiliaire du Frioul est agrandi.
L’extension du port continue avec la loi du 10 juin 1854 et du décret du 23 novembre 1856 qui ordonnent la construction des bassins du Lazaret et d’Arenc, puis la construction du bassin Napoléon (1859)12. Pour relier l’ancien et le nouveau port, la rue Impériale est tracée.

Le J0, 1952, armature Eiffel
Le port autonome (1966-2008)
L’extension du port, rendue nécessaire par ses activités croissantes, se réalise sur le golfe de Fos dans les années 1960. Créé par une loi de juin 1965 et un décret de novembre 1965, le port autonome de Marseille voit le jour officiellement le 1er avril 1966. Il est financièrement autonome. Il est alors dirigé par un directeur général nommé en conseil des ministres, sur proposition du ministre de tutelle et après avis du conseil d’administration composé de 26 membres représentants les diverses institutions (Chambres de commerce, professionnels portuaires et maritimes, représentants élus du personnel de l’établissement public et des dockers).
Le grand port maritime
Il a été transformé en « grand port maritime » par le décret no 2008-1033 du 9 octobre 2008. La crise économique mondiale de 2008 affecte son activité globale, qui se réduit de 100 Mt en 2007 à 83 Mt en 2009, et stagne depuis. Le chiffre d’affaires global est réduit de 35 M€ entre 2009 et 2013. Le trafic du port se diversifie de plus en plus, notamment en raison de la réduction de l’activité pétrolière (-22 M€ de brut importé sur la période 2009-2013). Le transport de marchandises en conteneurs est en plein essor et le vrac solide progresse.
De même, au niveau du transport de passagers, si le transport de passagers en ferry est en déclin depuis 2012 (-20 % en 2014), le port de croisière, en revanche, se développe rapidement, devenant en 2015 le cinquième de Méditerranée : le nombre de croisiéristes a augmenté de 87,3 % entre 2010 et 2014, ce qui constitue la plus forte croissance parmi les leaders méditerranéens.
En 2018, le port atteint la 107e place au classement mondial des ports d’Alphaliner, avec 1,36 million EVP, un chiffre en hausse de 8,8 %.
