
A deux pas de l’actuelle plage de la Verrerie, appelée plus officiellement de Bonne Brise, fut effectivement construit dès 1823 la Verrerie Pons-Grimblot spécialisée dans le verre à vitre et reliée à la mer par un tunnel passant sous le chemin de la Madrague. Cette usine fut transférée là depuis la rue des vignerons située près de la Place Castellane à Marseille…l’histoire des Verreries de Montredon fut tumultueuse et marquera profondément le quartier.
Revenu d’Afrique où il était parti à 18 ans faire du commerce, Charles-Auguste Verminck, armateur et importateur d’arachide et fabricant d’huile nécessitait pour son activité des bouteilles en verre en grande quantité. Il décida d’acquérir la petite manufacture Pons-Grimblot en 1881. L’usine fonctionnera tout d’abord uniquement en production interne, pour conditionner ses propres produits, avant, en 1894, de produire pour la vente. Elle a employé près de 400 personnes à la fin des années 1890, généralement des immigrés Italiens. Les ouvriers logeaient dans une cité ouvrière accolée à la Verrerie. L’usine fonctionnait 24h/24, les deux fours (alimentés par du gaz de charbon) ne s’éteignait jamais et illuminaient la nuit les alentours. Beaucoup d’enfants travaillaient dans l’usine, ils étaient les aides des ouvriers. Le sable utilisé pour la fusion est extrait sur place car présent en grande quantité sur le terrain de la verrerie.
Un tunnel qui passait sous la route permettait un accès direct de l’usine à la mer. La production journalière était, vers 1900, de 20.000 bouteilles et 600 grosses bonbonnes en verre appelées à l’époque des Dame-Jeanne (contenance de 5 à 50 litres). Il y avait dans la Verrerie une menuiserie, indispensable pour la fabrication des caisses en bois de transport, un forgeron pour la fabrication des outils, des maçons pour réparer et entretenir les fours. Le personnel entama de nombreuses grèves dans les 54 ans de vie de l’usine, s’estimant sous-payés par leurs patrons millionnaires. En 1935, l’usine ferma soudainement pour raisons financières. La même année un incendie (après un premier en 1904), certainement la vengeance d’ouvriers sur le carreau, ravagera totalement les lieux, paupérisant la population locale et entraînera la création du bidonville du quartier appelé « Sous la Rose« .
Aujourd’hui il ne reste plus aucune trace de la verrerie rasée en 1968. Une cité s’y est installée, un boulevard et la fameuse plage aux noms multiples tentent encore de rappeler le souvenir, douloureux, de ce passé industriel.
