
Le 51 Cours Julien accueille depuis de longues années des concepts hybrides comme avec La Bohème, une auberge, café, bouquinerie et conciergerie de quartier. Le lieu a été rebaptisé depuis le 51. Mais c’est bien la Bohème en juillet 2020 qui a lancé la refonte globale de sa façade d’un jaune éclatant et mettant en avant Keny Arkana, née le 20 décembre 1982 à Boulogne-Billancourt, une rappeuse ayant grandi à Marseille. Militante altermondialiste, elle fait partie du collectif La Rage du peuple créé en 2004 dans le quartier de Noailles à Marseille.

Pink Art Roz
Ce nouveau décor a fait disparaitre une œuvre signée Difuz présente depuis 2017 qui représentait déjà Keny Arkana de façon plus simpliste. En 2020 Pink Art Roz a repris le flambeau avec cette oeuvre qu’il décrivait ainsi sur ses réseaux sociaux “Challenge pour moi, créer une fresque murale sur toute la hauteur avec les contraintes fenêtres /volets, c’était chô ! Pour cette bouquinerie du cours Julien tenue par un formidable bout de femme MAX, je ne pouvais que faire référence aux mots, livres, à l’écriture…et à la rappeuse Marseillaise Keny Arkana, poète rebelle ! Les murs ont la parole, s’expriment, ça cause au 51 cours Julien – Marseille. Merci pour cette très belle semaine intense et pleine d’émotions”.
Voici la biographie du graffeur par Par Marielle P : “Athlète du spray tous terrains, PiNK’, née à Besançon est une artiste urbaine française, autodidacte. Toujours passionnée par la culture underground, le punk, le grunge, c’est dans les lieux alternatifs qu’elle trouve son inspiration : l’ambiance des friches industrielles, le foisonnement narratif des affiches de propagande politique, la musique nourrissent son imagination. Sa démarche est inévitablement engagée, un engagement poétique surtout. L’art de voir de la lumière partout, même dans les pires atrocités engendrées par l’Homme, sur l’homme ou son environnement. Même dans le plus sombre, elle invite l’œil à observer ce champ des possible encore. L’urgence de provoquer un sursaut en nous. De la couleur dans chaque œuvre, qui nous connecte à notre joie, la joie de vivre, la joie d’aimer, la joie d’être. Réfléchir – se questionner – agir. Ses œuvres provoquent les spectateurs, elles percutent et invitent à se questionner, à faire un pas de côté, avec délicatesse, amour pour l’Autre, pour l’humanité. C’est une artiste authentique, qui délivre ses messages en urgence, urgence de vivre, urgence de dire, urgence de rire. Car PiNK’ pourrait se définir comme une poétesse, amoureuse, enragée d’Humanité. Pink fait partie de ces artistes complexes, qui fait émerger de ses doutes toute sa poésie et sa douceur sur le monde, qu’elle questionne sans cesse, venant percuter les valeurs, les modèles, notre Histoire”.
Keny Arkana,

Photo par CronopiANA (2012)
Keny Arkana naît le 20 décembre 1982, grandit à Marseille et vit une enfance tumultueuse, faite de nombreuses fugues. « Ses esquives se multiplient, ses bêtises aussi, au point qu’un juge pour enfants décide de la placer en foyer. Elle a 11 ans. » Ces événements sont évoqués dans les chansons J’viens d’l’incendie, Je me barre, Eh connard, et L’Odyssée d’une incomprise. Keny Arkana commence à rapper ses premiers textes à l’âge de douze ans. En 1996, elle commence à se produire devant ses camarades de foyer. Elle se fait connaître dans l’underground, à la Friche de la Belle de Mai. Deux collectifs auxquels elle appartient successivement se forment : Mars Patrie et État-Major.
État Major, initialement composé de 13 personnes (huit MCs, deux DJs et trois danseurs) est un tremplin pour Keny Arkana. Un premier maxi vinyle paraît en 2003, porté par une formation État Major alors composée de Kao Domb’s, Chakra Alpha et DJ Truk. Ce groupe lui permet de se faire connaître du public marseillais. Elle participe à de nombreux concerts, mixtapes et émissions de radio, d’abord sous le nom de Keny, avant d’y apposer le nom d’Arkana, personnage de la série d’animation Les Mondes engloutis.
Entre ciment et belle étoile (2006-2010)
Après de nombreux titres et apparitions, Keny Arkana écrit son premier album. L’album, produit par Enterprise, Karl Colson, et Kilomaître Production, est publié en octobre 2006 sous le titre de Entre ciment et belle étoile, chez Because Music. Cet album retrace ses nombreux combats, notamment celui contre la globalisation capitaliste et contre l’oppression de l’État et du racisme institutionnel, mais aussi les moments difficiles de son enfance. Dans Eh connard, elle s’en prend au directeur d’un foyer qui considérait qu’elle n’avait pas d’avenir. Elle rend aussi un hommage à l’Argentine dont son père est originaire sur le titre Victoria (avec des paroles en espagnol de Claudio Ernesto Gonzalez) et « distille des touches d’espoir et de conscience ».
Au printemps 2007, Arkana annule ses concerts en raison d’une organisation défaillante (« les gens honnêtes ne sont pas très compétents, et les gens compétents pas très honnêtes ») en lançant un « appel aux sans-voix » afin de construire un autre monde pour la jeunesse. Durant l’été, elle participe à plusieurs festivals (Vieilles Charrues, Dour, Quartiers d’été…) et fait à l’automne une tournée française s’arrêtant notamment à l’Olympia de Paris. Le 23 septembre 2007 elle se produit en pleine rue dans le quartier populaire Les Pâquis à Genève en Suisse. Ce concert sauvage tenu sur un carrefour, au plein milieu de la rue, est en soutien à l’intersquat de Genève (en réponse à l’évacuation par la force de la quasi-totalité des squats genevois). En octobre 2007 sa première street-tape l’Esquisse vendu à plus de 60 000 exemplaires est rééditée.
En novembre 2007, alors qu’elle poursuit sa tournée nationale La tête dans la lutte, Keny Arkana interprète Nettoyage au Kärcher à la cérémonie du Prix Constantin de 2007. Selon L’Express, « Keny Arkana lance les hostilités. La rappeuse déboule tel un pitbull : « Elle est où la plus grande racaille ? À l’Élysée ! ». Ses partenaires sortent des nettoyeurs à haute pression Kärcher et font mine de nettoyer un acolyte affublé d’un masque de Nicolas Sarkozy. On cherche en vain du regard la ministre de la Culture, on découvrira le lendemain, dans les colonnes du Parisien, qu’il fut conseillé à la ministre Christine Albanel de s’installer dans la salle après la prestation de Keny Arkana ». Des militants du Front national détournent ce morceau dans « un clip à la gloire du parti d’extrême droite » lors de la campagne pour l’élection présidentielle française de 2007. Keny Arkana considère « [qu’]ils enlèvent tout le couplet sur Le Pen. Ils prennent des images de La rage, qu’ils coupent avec leurs images à eux de nazis, et ils font une espèce de clip de propagande pro-Le Pen ». La même année, Keny Arkana donne un concert sauvage à Genève avec le collectif l’Appel aux sans voix, dont elle fait partie, dans le cadre d’une tournée en France dans les endroits oubliés, pour soutenir les gens qui luttent et tisser des liens avec des personnes qui n’ont pas l’habitude de prendre parole].
La même année, Arkana produit Un autre monde possible, un documentaire d’une soixantaine de minutes où elle récolte le témoignage de plusieurs personnes qui viennent des quatre coins du monde. En 2008, Arkana fait la première partie de plusieurs concerts de Manu Chao et se produit dans de nombreux festivals comme les Eurockéennes de Belfort.
Tout tourne autour du soleil (2011-2015)
Le 12 janvier 2011, son manager annonce sur Facebook que Keny Arkana est « est en train de terminer la mixtape L’Esquisse 2, prévu pour le printemps 2011 ». Le 23 avril 2011 sort le clip V pour Vérités, qui totalise près de 200 000 vues sur Youtube, une semaine après publication (en 2023, il dépasse les 10 000 000 vues), le jour même Keny Arkana annonce que son album L’Esquisse 2 sortira le 23 mai 2011. Le 11 mai elle sort un nouveau clip intitulé Marseille en featuring avec RPZ et Kalash l’Afro. Le 23 mai sort donc son quatrième album (deuxième mixtape) L’Esquisse 2. Le deuxième album studio s’intitule Tout tourne autour du soleil et est publié le 3 décembre 2012[4]. Le 13 juin 2012 sort Vie d’artiste, le premier extrait, Gens Pressés le second extrait, sort le 5 octobre.
En janvier 2013, un concert libre en plein air, en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est donné sur place lors du festi’ZAD devant 20.000 personnes, en plein hiver dans un champ de boue, avec une organisation minimaliste.
État d’urgence et L’Esquisse 3 (2016-2020)
Le 27 mai 2016, Keny Arkana sort un nouvel EP intitulé État d’urgence, distribué à prix libre au format numérique. Cet EP est un album écrit à la suite des attentats du 13 novembre 2015 en France. Keny sort sa mixtape L’Esquisse 3, le 2 juin 2017. En suit une tournée des festivals durant l’été 2017.
Exode (depuis 2020)
Après un long silence, Keny Arkana fait son retour en 2020 avec une apparition dans l’album 13’Organisé, album réunissant une cinquantaine de rappeurs de Marseille sous l’égide de Jul. Elle est la seule femme présente sur cet album. Elle annonce son retour en novembre 2020 et son troisième album, Exode, déjà prévu à la sortie de son dernier projet L’Esquisse 3, trois ans plus tôt. Pour préparer la sortie de ce prochain album elle sort dès la fin de l’année 2020 un premier morceau J’sais pas faire autrement, suivi, le 1er janvier 2021, d’un deuxième, intitulé Viens mon frère. Ces deux nouvelles chansons sont les premiers extraits de ce qui semble être la mixtape Avant l’Exode qui annonce la sortie du prochain projet.
En , Arkana annonce qu’elle quitte la France pour l’Amérique latine, qu’elle ne se fera pas vacciner et qu’elle est contre le passe sanitaire.
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