
Trois escaliers pour marcheurs motivés partent vers le petit Jardin de la Colline…la Montée de la Croix, et plus bucolique la Rue et la Traverse des Amoureux, un nom qui pourrait en fait venir d’une déformation du mot provençal Amourie, qui veut dire Mûrier. Dans tous les cas ce petit quartier labyrinthe aux ruelles s’entremêlant est plein de romantisme et de charme. Autrefois sur le sommet le plus haut de la colline se trouvait déjà un ancien potager et jardin parsemé de 3 cabanons, surnommé à l’origine le nid d’aigle.
Après avoir gravi les nombreuses marches, 170 pour la Montée de la Croix, on atteint essoufflé l’entrée du Nid de l’aigle, la maison iconique d’André Stern faisant face à la Bonne Mère…mais juste avant on découvre ce jardin communautaire. Implanté en restanque, avec son petit banc, ses plantations, il offre une vue superbe et inédite sur l’Est de Marseille. Mais ne vient pas là qui veut ou n’importe quand. Ce petit carré de verdure fermé par un cadenas à code est la chasse gardée d’une association et un lieu de partage pédagogique et culturel et de belles soirées. Un panneau de signalisation en triangle est épinglé sur la porte d’entrée, représentant une abeille munie d’un glaive montant la garde…on sera prévenu ! Blague à part, il s’agît en fait de l’indication de la présence d’une ruche avec son numéro d’agrément.
La colline Vauban surplombe Marseille à 150 mètres d’altitude. Classée îlot villageois par le POS, cette colline n’est donc accessible que par des montées d’escaliers de plusieurs centaines de marches. Sur la crête, ce terrain autrefois en friche de deux cents mètres carrés offre une vue panoramique sur la moitié nord de la ville. Autrefois occupée par un sans-abri dont le nom est resté dans les mémoires du quartier (La Goupille), cette parcelle était abandonnée et hors d’usage depuis plusieurs dizaines d’années. Onze familles du quartier ont souhaité réaménager cet espace public riche de potentiel esthétique et symbolique, pour en faire un jardin familial comportant une treille et un potager. La paysagiste Natacha Guillaumont a accompagné, cinq années durant (2001 à 2006), la transformation progressive de cet espace vacant en un lieu de bon voisinage et de contemplation – Un seuil pour le ciel. C’est aujourd’hui un lieu de jardinage pour ses fondateurs, d’activités pédagogiques pour les enfants du groupe scolaire Vauban-Guadeloupe et de programmation culturelle estivale pour les habitants du quartier.
Natacha Guillaumont, architecte paysagiste DPLG, est née à Le Cheylard en 1969. Elle vit et travaille à Marseille, où elle a créé la structure La Compagnie du Vent. Diplômée de l’école Nationale du Paysage de Versailles en 1997, elle a travaillé entre autres pour le Conseil Général de l’Ardèche et, avec Gilles Clément, à Chateauvallon (Var). (cf. p. 74 pour le Jardin sensible de l’IRSAM et p. 140 pour le jardin pédagogique de l’école Chabanon à Marseille.).
Commanditaires du jardin – Association Jardin de la Colline. L’association regroupe plus de quinze familles de la rue des Tartares et de la montée des Amoureux (100 personnes). Mediateur – Sylvie Amar Soutien – Fondation de France, Ville de marseille (DQVP) Vauban, Marseille, 2001-2006.
Quand au nom de la traverse où se trouve le jardin, « des Tartares », on s’interroge ! « Tartares » est un terme occidental ambigu regroupant les peuples tatars et mongols d’Eurasie, et plus particulièrement d’Asie centrale (on a également nommé Tartarie l’ensemble des régions d’Asie centrale où ils vivent). Autre sens, dans la mythologie grecque, le Tartare est un lieu situé dans les profondeurs des Enfers, où vont les grands criminels et les monstres quand ils sont tués. Mais ici sur cette colline on est plus proche des cieux que des entrailles de la terre !
Même la bible en la matière, le Dictionnaire Historique des Rues de Marseille sèche sur le sujet.
