
Au début du XXe siècle, à Marseille sur la rive sud du Vieux-Port, dans le quartier du canal de la Douane, on trouve encore de vastes entrepôts hérités des siècles précédents occupés par une grande partie de la Bohème marseillaise, peintres, graveurs, petits éditeurs. Deux grands quotidiens régionaux y sont installés, Le Petit Marseillais, du 9 au 15 quai du canal (aujourd’hui Cours d’Estienne d’Orves) et Le Petit Provençal, 75, rue de la Darse (aujourd’hui rue Francis Davso). Journalistes et artistes, très souvent noctambules, ont coutume de se retrouver au bar Le Péano. Un lieu toujours existant, rendu célèbre par les romans de Jean-Claude Izzo, où il avait ses habitudes

Soirée 1900 au Péano
Dans les années 1930, le canal de la douane est comblé et le quai éponyme devient cours du Vieux-Port. On croise alors, dans ce quartier, les peintres Antoine Serra, très engagé au Parti communiste, Pierre Ambrogiani, le « Daumier facteur », qui brosse ses premières toiles, François Diana, le graveur Léon Canedel et même le « montparno » Kisling. Tout ce petit monde artistique est dispersé par le conflit mondial et ses retombées ; Kisling part aux Etats-Unis ; Antoine Serra est pourchassé par la police de Vichy et les occupants. A la Libération, on donne au cours du Vieux-Port le nom du grand résistant Honoré d’Estienne d’Orves. Le Péano retrouve ses couleurs et ses habitués artistes et journalistes. Dans les années 1960, le cours est défiguré par la construction d’un parking aérien, heureusement démoli depuis.
