Le haut de la rue Henri Tassot est bordé de part et d’autre par des immeubles de 1956 signés de l’architecte Jean Crozet (1909-1986). Les bâtiments, massifs, cadrent la montée vers la place de Lenche, en créant une voie nouvelle dont le décaissement fera disparaître ce qui fut, sans doute, les caves (de Saint-Sauveur) du forum de la Marseille antique. Les immeubles restent parmi les plus modernes de la reconstruction du Vieux-Port, on retrouve les manières de l’auteur : le parement de béton lavé, ourlé d’un listel de béton gris ou les claustras de terre cuite. On y retrouve des sculptures signées Servian Raymond, Vézien Elie-Jean.
La rue Tassot a la particularité d’alterner deux tronçons ouverts à la circulation et deux tronçons en escaliers. Cette rue doit son nom à Henri Tasso (1882-1944), industriel et homme politique marseillais, maire de Marseille de mai 1935 à mars 1939, ministre de la Marine marchande dans les gouvernements du Front populaire. Cette rue est une création du plan proposé par André Leconte en 1948 dans le cadre du projet de reconstruction du Vieux-Port à la suite des destructions par l’occupant allemand en 1943. La volonté était de créer une perspective sur la basilique Notre-Dame-de-la-Garde depuis la place de Lenche.
Elle constitue un axe structurant pour l’ensemble du projet de reconstruction, séparant le secteur central (immeubles de Fernand Pouillon en front de quai, tours en U de Gaston Castel) et un secteur Ouest de caractère différent (derniers immeubles sur le quai, ensemble La Tourette…).
Selon la biographie rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte : « Jean Crozet est né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 19 mars 1909, fils de Louis Joseph Crozet, et de Jeanne Julienne Anaïs Bernard, élève de Gaston Castel à l’École régionale d’architecture de Marseille, admis en 2è classe le 21 mars 1928, obtient un total de 20 ½ valeurs dont 1 3è Médaille en dessin ornemental, 1è classe le 16 juillet 1931, obtient un total de 17 ½ valeurs, transfert d’inscription à Paris autorisé par lettre ministérielle du 27 janvier 1932, élève d’Emmanuel Pontremoli et André Leconte à Paris, autorisé à se faire réinscrire à Marseille par lettre ministérielle en date du 6 décembre 1933, obtient un total de 19 ½ valeurs dont 1 Seconde Médaille en dessin, diplômé le 5 juin 1934 (157è promotion, La maison du Potier Provençal, mention très bien, retenu pour le Prix du meilleur Diplôme 1934, Médaille de la S.A.D.G.) (architecte à Marseille [entre 1942 et 1967], associé à Jean Olmeta [vers 1937], puis Marius David (1909-ap. 1973), cabinet David et Crozet [entre 1942 et 1958]; écoles à Marseille; usine hydro-électrique à Jouques, Bouches-du-Rhône, en 1959; hôpital Nord à Marseille 15è en 1964, avec André Devin, René Egger et Victor Senès; nombreux logements à Marseille; agréé M.R.U. pour les Bouches-du-Rhône [en 1951]; centrale hydroélectrique à Jouques (Bouches-du-Rhône) en 1959, maisons particulières, cité Le Vauban en 1965, et immeuble dit Le Stade à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) en 1966.
Professeur d’architecture à l’École des Beaux-arts de Marseille [entre 1949 et 1962]; également peintre; membre de l’Association des élèves et anciens élèves de l’École nationale et supérieure des Beaux-arts ou Grande Masse de l’École des Beaux-arts en 1931; membre de la S.A.D.G. en 1944, figure encore en tant que vice-président du groupe dans l’annuaire 1962, et en tant que membre correspondant dans l’annuaire 1973; Croix de guerre 39-45, chevalier des Palmes académiques; mort en 1986; Archives nationales de France, AJ/52/1258, dossier d’élève, et 19920445/126, feuille de valeurs; Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds dossiers d’œuvres de la direction de l’Architecture et de l’Urbanisme (DAU), 133 ifa, DAU-0-CROZE; Karin Sagner in AKL, 1999; ministère de la Culture, base Mémoire, base Mérimée) ».
