
Parmi les nombreuses métamorphoses qu’a connues le Château d’If depuis sa fermeture progressive en tant que prison à la fin du XIXᵉ siècle, on peut noter celle de son tout premier établissement touristique : le Café-Restaurant Monte-Cristo, présenté sur sa devanture comme un « dancing » dans la terminologie de la Belle Époque. Quelques photographies des années 1900–1910 en témoignent, révélant un bâtiment léger, installé au-dessus du débarcadère et face au phare, avec en toile de fond la rade de Marseille et la Bonne-Mère. L’établissement exploitait la renommée internationale du roman d’Alexandre Dumas, qui avait déjà fait du Château d’If un lieu prisé des voyageurs.
À cette période, l’île d’If n’est plus une prison : elle s’ouvre peu à peu au public grâce à la mode naissante des excursions en mer et au développement des vedettes touristiques reliant le Vieux-Port aux îles du Frioul. L’armée, encore gestionnaire des lieux, autorise alors l’installation d’aménagements provisoires destinés à accueillir les excursionnistes : une buvette, un débarcadère en bois, puis ce café-restaurant. Le mot « dancing », affiché sous le nom du Monte-Cristo, ne désignait pas une boîte de nuit – les navettes ne circulaient pas de nuit – mais une salle où l’on pouvait organiser des danses dominicales, avec un petit orchestre et un plancher de bois, dans l’esprit des loisirs populaires de la Belle Époque. Ce café-restaurant, très peu documenté dans les archives écrites, semble n’avoir eu qu’une existence brève, probablement une quinzaine d’années. Il disparaît avant 1926, lorsque le Château d’If est classé Monument historique. À partir de cette date, l’administration patrimoniale supprime toutes les constructions parasites afin de restituer l’austérité originelle du fort : les bâtiments en bois, les annexes touristiques et les buvettes temporaires sont démantelés, et l’île retrouve son visage militaire.
Cela ne signifie pas pour autant que l’île a cessé d’offrir de la restauration. Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, alors que le tourisme retrouve son dynamisme, les gardiens du site mettent en place de petites buvettes saisonnières, servant boissons fraîches, glaces et quelques encas. À partir des années 1990, une offre plus structurée apparaît, avec des terrasses aménagées et un service simple, destiné à accompagner l’expérience de visite sans dénaturer le monument.
La véritable renaissance gastronomique d’If arrive en 2014 lorsque le site accueille le restaurant “Marseille en face” jusqu’en 2023. Puis en 2025 dans la continuité des initiatives portées à la Friche Belle-de-Mai, un restaurant imaginé par “Les Grandes Tables”. Des vacances de Pâques aux vacances de la Toussaint, profitez du restaurant “Les grandes tables du château d’If” pour déjeuner sur l’île d’If avec une vue sur la cité phocéenne. Les grandes Tables sont des restaurants qui dialoguent avec l’histoire, l’architecture et la programmation des lieux au cœur desquels elles sont installées. Ainsi Les grandes Tables du château d’If sont-elles pensées comme “une porte ouverte sur Marseille, la Provence et la Méditerranée”.
L’offre culinaire ? produits et plats du territoire, mâtinés d’histoire de Marseille et de quelques emprunts à Alexandre Dumas et son Grand Dictionnaire de Cuisine. Dans les assiettes : poissons, sardines, pois chiches, aneth, thym et romarin, légumes et fruits de la méditerranée, fromages de chèvre et de brebis, miel, olives, pistou, panisses…Une carte entièrement fait maison.


