
C’est un petit lieu de culte néo roman qu’on remarque à peine, esseulé entre 2 immeubles de sa discrète rue Delille… »Au christ rédempteur » peut-on lire au dessus de sa porte en bois. Coincé sous le grand vitrail rond, se niche un évangile sculpté dévoilant cette phrase « Je suis la lumière du monde Jean VIII-12. Crois au seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé, ActeXVI 31« …on pense se trouver devant une chapelle catholique, et bien non. Les Arméniens évangéliques ont reçu en 1925 de l’Église réformée l’usage de cette Chapelle de la Rédemption, qui va leur être ensuite affectée définitivement. L’Union des églises évangéliques arméniennes a eu un temps son siège ici avant de migrer sur Lyon. Le lieu de culte est il toujours actif ? a t’il été « désacralisé » et revendu à des particuliers ? à vous de me dire, l’adresse du n°15 affiche sur internet un cabinet d’architecte mais peut-être s’agit-il de l’ensemble avec l’immeuble mitoyen de droite.
L’Église évangélique arménienne est une association chrétienne évangélique internationale d’églises, née de l’activité de missionnaires évangéliques dans la communauté arménienne dans l’Empire ottoman à partir du XIXe siècle. La première Église évangélique arménienne fut fondée à Pera (près de Constantinople) le 1er juillet 18461. En 1850, l’Empire ottoman reconnut la communauté des Arméniens évangéliques comme millet. Selon un recensement de la confession publié en 2000, elle aurait entre 50,000 et 70,000 de membres baptisés dans le monde. Les Églises évangéliques arméniennes sont réunies dans plusieurs unions régionales : Union des Églises évangéliques d’Arménie, Union des Églises évangéliques arméniennes de France, Union des Églises évangéliques arméniennes d’Amérique du NordUnion des Églises évangéliques arméniennes du Proche-Orient, Union des Églises évangéliques arméniennes d’Eurasie.

Ernestine Schloesing
La rue Delille tiens son nom depuis le 8 avril 1808. Cette voie fut ouverte fin XVIII siècle, sur des terrains appartenant à cette famille Delille (aussi orthographiée Delisle). Louis Joseph Delisle, né à Marseille, le 19 mars 1735 fut conseiller au Parlement, botaniste, il a publié, entre autres, un mémoire sur la culture du pin. Il décèdera à son domicile, au 99 rue de Rome, le 2 janvier 1809. Au n° 13 de la rue, collé à la Chapelle, se trouvait le Centre d’accueil Jane-Pannier fondé en 1919 par la protestante Ernestine Schloesing, fille aînée de Henri Schloesing directeur des usines qui portent son nom. Née à Marseille le 7 mai 1876 elle épouse le pasteur Pannier, et crée ce centre d’accueil féminin toujours en activité, alors que la fondatrice est décédée, le 17 juillet 1944, mais qui a migré au 1 rue Chevillon. Peut-être que cette chapelle réformée était le lieu de culte du centre d’accueil destiné à prévenir la prostitution dont sont alors victimes les nouvelles arrivantes en ville.
Ernestine Schloesing a été une féministe marseillaise et une militante engagée dans les œuvres de bienfaisance destinées aux jeunes femmes vulnérables :
- en 1915, elle est présidente de « l’Entraide Féminine », le plus important groupement de l’époque qui a pour vocation de porter assistance aux femmes seules en difficultés.
- Elle organise une école féminine d’initiation civique et sociale afin d’assurer l’avenir professionnel des jeunes filles.
- En 1916, elle fonde la section de lutte contre l’alcoolisme au sein de cette même organisation.
- En 1925, elle devient vice-présidente du Conseil National des Femmes Françaises (le CNFF).
