
Le 24 juin 1841 eut lieu au niveau de la Canebière et de l’actuelle Place du Général de Gaulle la dernière exposition au pilori. Il s’agissait du notaire Arnaud de Fabre, condamné aux travaux forcés pour escroquerie. Il sera exposé une heure avant d’être conduit au bagne de Toulon où il devait finir ses jours. Un pilori est un poteau ou un dispositif auquel un condamné est attaché temporairement pour être vu du public qui, impressionné, est censé s’efforcer de ne pas se retrouver un jour en pareille situation.

Exemple de Pilori à Paris, aux halles
L’étymologie la plus vraisemblable qualifie le mot de dérivé du latin « pila », pilier, devenu en bas latin ou latin médiéval « pilori ou pellori » ou « pillorium ou pelliorium », le suffixe -orium exprimant la substantivation. On notera au passage qu’au XIIIes., le mot pile désigne un « amas de choses placées les unes sur les autres ». Une étymologie encore plus incertaine pourrait être liée avec la localisation d’un gibet à proximité d’un puits appartenant à un bourgeois nommé Lori mentionnée dans un contrat de 1295 « Puteus dictus Lori ». Le pilori est un signe de haute justice qui ne sert pas à mettre à mort. Il est également appelé échelle patibulaire, à ne pas confondre avec les fourches patibulaires et les signes patibulaires.
L’exposition publique est une peine afflictive et infamante d’Ancien Régime, plus grave que le blâme et l’amende honorable, mais moins que le fouet, la mutilation, les galères, le bannissement et la question.

Exposition de Pierre Nicolas Perrin pendant six heures sur la place publique en 1789
Les piloris et échelles tombés en désuétude (celui des Halles de Paris est supprimé en 1789) sont remplacés en l’an IV par le carcan puis en 1832 par une exposition publique prévue par l’article 22 du code pénal en « peine accessoire » d’une condamnation aux travaux forcés ou à la réclusion. Le condamné était exposé « au regard du peuple » pendant une heure sur une place publique, un écriteau informant les passants sur son nom et le crime commis. Il s’agissait de renforcer l’exemplarité de la peine principale, mais son intérêt de ce point de vue fut l’objet de doutes, particulièrement, dans les grandes villes, cas le plus fréquent, où l’événement, devenu banal, ne retenait plus l’attention et où par ailleurs le condamné était relativement inconnu et plus indifférent à sa réputation. Si bien qu’à partir de 1832, le carcan est laissé à l’appréciation des juges de la cour d’assises, hors les cas de récidive, puis la peine est supprimée par un décret du 12 avril 1848.
