15 Cours Joseph Thierry, Trésors art déco et le médecin d’Egypte

15 Cours Joseph Thierry, 13001 Marseille
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15 Cours Joseph Thierry, Trésors art déco et le médecin d’Egypte
Arrondissement : 1er

Le Cours Joseph Thierry est à la frontière architecturale entre deux époques, la fin du 19ème et le début du 20ème…ainsi des immeubles, pourtant accolés, arborent pour certains un style Haussmannien aux riches ornementations et pour d’autres un design art déco fait de rigueur, de symétrie et de pierre de taille sans aucun effet pittoresque. L’un deux, le n°15, avec sa façade austère couleur crème ne se démarque nullement, éclipsé par ses voisins au luxe ostentatoire…il renferme cependant quelques pépites !

Ce bâtiment a été érigé en 1929 par les architectes Lafon et Sénès. Ce dernier, qui fut Lauréat de la Société centrale des Architectes en 1898 et Grand prix Rougevin en 1900, était ni plus ni moins l’Architecte en chef de la Ville de Marseille en charge du projet de construction du monumental escalier de la gare St-Charles, inauguré en 1925. Cette pointure de l’architecture pouvait-il se contenter sur le Cours Joseph Thierry d’un immeuble tout en sobriété ? Un élément de réponse se dévoile dès l’imposante et très travaillée porte d’entrée en fer forgée. Mais c’est en pénétrant dans la bâtisse que se révèlent de petits trésors inattendus. Le hall arbore de très belles mosaïques dont une représentant une fontaine antique, tapissée de fleurs bleues, survolée par un phénix multicolore. En remontant l’escalier, apparait une superbe triple verrière, aux sujets plus contemporains, sur les thèmes en vogue des années 1920-1930…l’automobile, la navigation maritime et l’aviation. D’autres éléments art déco sont à picorer telle une lampe, un miroir hexagonal ou encore un bas-relief représentant une figure mythologique grecque qui pourrait bien être un satyre, flanqué de ses cornes de bouquetin et jouant du tambourin.

L’immeuble qui a compté dans ses habitants le célèbre « médecin d’Egypte » Clot-Bey, distingué pour son travail dans le monde entier, est une résidence privée mais elle héberge de nombreux cabinets médicaux, l’occasion de soigner sa santé et son goût de la belle architecture…cachée.

C’est donc ici que vivait Antoine Barthélémy Clot, né à Grenoble le 5 novembre 1793, et mort à Marseille le 28 août 1868…un médecin français connu sous le nom de Clot-Bey après avoir exercé en Égypte. Antoine Clot est né à Grenoble où il passe son enfance. Son père, sergent major du génie participe à la campagne d’Italie; pour raison de santé, il ne prît pas part à la campagne d’Égypte. La famille s’installe à Brignoles (Var) en 1808 où le père retrouve un ami chirurgien, le docteur Sappey. Antoine Clot travaille dès la première année de leur arrivée chez un barbier de la ville. En 1813, désireux de suivre des études de médecine, il part pour Marseille où, pour financer son existence, il réussit à obtenir un emploi chez un chirurgien-barbier, rue Reynarde. Il sera ensuite admis à l’Hôtel-Dieu comme élève externe. Le 30 janvier 1816, il est reçu élève interne en chirurgie et devient le 30 septembre 1817 officier de santé. Toutefois, pour devenir médecin, il est doit réussir son baccalauréat, ce dont il s’acquitte à Aix-en-Provence en 1819. Il obtient son diplôme de docteur en médecine le 24 juillet 1820 à Montpellier, car Marseille ne possède pas encore de faculté de médecine. Il y suit une formation supplémentaire et devient docteur en chirurgie le 18 janvier 1823. Il opère à l’Hôtel-Dieu de Marseille en qualité d’adjoint du chirurgien interne. Ce dernier prenant sa retraite, l’administration décide d’ouvrir un concours pour l’attribution de son poste.

Antoine Clot, estimant que ce poste lui revenait de droit, démissionne le 22 décembre 1822. En raison de la jalousie de ses pairs comme de son caractère ombrageux, il est évincé de ses fonctions à l’œuvre des demoiselles de la Providence, de son poste de chef des travaux anatomiques à l’hôpital et de la Société académique de médecine. Il ouvre alors un cabinet privé qui connait immédiatement un grand succès. Florent Tourneau, négociant français installé à Alexandrie, reçut mission de pacha Méhémet Ali, de se rendre à Marseille afin de recruter des instructeurs et des médecins pour contribuer à la modernisation de l’Égypte. C’est ainsi qu’Antoine Clot décide de tenter l’aventure et s’embarque le 21 janvier 1825. Son contrat initialement prévu pour cinq ans sera prorogé jusqu’en 1849. Dès son arrivée, Clot soigne Méhémet Ali et le guérit d’une gastro-entérite ; il devient son médecin attitré et son ami. Mais l’état sanitaire du pays est déplorable, la médecine n’y étant pas développée. La tâche est immense. Soucieux de travailler au plus près des institutions et de la population, il s’adjoint un interprète et traducteur de qualité, le père Arsène Cardahi. Antoine Clot crée tout d’abord un Conseil de santé ainsi qu’un service sanitaire militaire. Il décide de créer un gigantesque complexe hospitalier à Abu Za Bal (Abouzabel).

Il crée également une école de médecine ; les enseignants étant européens, il adjoint à chacun d’eux un traducteur en langue arabe. Il contourne les problèmes religieux que pose la dissection des corps humains en utilisant les cadavres d’esclaves non musulmans. Il fait transférer l’école de pharmacie du Caire à Abouzabel. Buste de Clot-Bey par Jean-Pierre Dantan, 1849, (Musée de Grenoble) Les épidémies sévissant fréquemment en Égypte, le docteur Clot introduit la vaccination antivariolique. L’année 1831 est marquée par une terrible épidémie de choléra qui fait 35 000 morts au Caire. Il se dévoue sans compter et obtient le titre de bey, qu’il ajoutera à son nom. En 1832, il arrive non sans mal à fonder une école de médecine destinée aux femmes. Il est envoyé en France avec douze de ses meilleurs élèves afin de compléter leur formation ; il assure également une mission officieuse auprès de Louis-Philippe Ier au sujet de la Syrie. En 1835, une épidémie de peste se déclare. Clot-Bey se dévoue totalement à la lutte contre cette maladie et Méhémet Ali le nomme général à cette occasion. Épuisé par cette tâche, il demande un congé pour se rendre en France. À Marseille, il épouse en 1840 Charlotte Gavoty, fille d’un riche négociant. Au cours de ce séjour, il fait paraître son livre Aperçu général sur l’Égypte. Il revient au Caire en 1840 et continue de s’occuper de santé publique.

En 1848, Méhémet Ali abdique en faveur de son fils Ibrahim qui meurt très peu de temps après. Son neveu, Abbas Hilmi lui succède. Celui-ci rejette toute modernisation de son pays et supprime les institutions mises en place par son grand-père. Clot-Bey est en disgrâce et rentre à Marseille en avril 1849. Abbas Hilmi est assassiné et son successeur, Mohammed Saïd rappelle alors Clot-Bey. Malgré sa fatigue, Clot-Bey retourne au Caire en novembre 1854 et retrouve ses fonctions d’inspecteur général de la santé. En 1858, il retourne définitivement à Marseille. Il est enterré au cimetière Saint-Pierre et une avenue de Marseille porte d’ailleurs son nom.


SOURCES wikipedia Clot-Bey
PHOTOS Dominique Milherou Tourisme-Marseille.com & tableau de Antoine-Jean Gros
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