
Peu mise en valeur, encerclée d’un grillage au pied d’un parking, La Tour des Trinitaires est l’ancien clocher d’un couvent datant du début du XIIIe siècle située rue de la Vieille-Tour. La ville de Marseille est propriétaire du bâtiment mais il reste un site délaissé et tombé dans l’oubli du quartier touristique du Panier.
Cette tour et le bâtiment attenant auraient été vendus par Rostany de Sabran et Guillaume de Chateauneuf à l’évêque de Marseille, Robert de Mandagout, le 21 janvier 1351 puis cédés aux Trinitaires en compensation de leur bâtiment détruit en 1524. Les Trinitaires s’occupaient du rachat des captifs qui, une fois délivrés en échange d’une rançon, venaient déposer leurs chaînes dans la chapelle nommée Notre-Dame du Bon Remède. Cette appellation est une déformation du mot latin redimere qui signifie racheter ; cette étymologie se retrouve par exemple dans le mot rédemption. Les Trinitaires étaient considérés par Voltaire comme les seuls moines utiles avec les frères de Saint-Jean de Dieu. La tour et le mur y attenant font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 1er octobre 1926.
Quant à l’évêque de Marseille de l’époque, de 1344 à 1358, Robert de Mandagout, il était le neveu du cardinal Guillaume de Mandagout…cette vente fut donc peut-être un arrangement familial ! Robert de Mandagout fut comme son oncle, docteur en droit canon. Il était prévôt de l’église d’Uzès lorsqu’il fut choisi par le pape le 13 septembre 1344 pour être évêque de Marseille seulement trois jours après le décès de son prédécesseur Jean Gasc. Dès le 23 septembre 1344 il envoie son frère Hugues de Mandagout, chanoine d’Aix-en-Provence, présenter ses bulles de nomination aux chanoines de Marseille. Il réside régulièrement dans son diocèse à l’exception d’un pèlerinage à Rome effectué en 1350. Il rendit deux fois hommage à la reine Jeanne Ire de Naples : une première fois le 15 août 1346 au couvent Saint-Louis à Marseille, une seconde fois le 15 juin 1351 à Aix-en-Provence car la reine Jeanne s’était remariée et avait donné le titre de roi à son second mari Louis de Tarente. Robert de Mandagout se préoccupa de ses devoirs temporels de seigneur. La fin de son épiscopat fut marquée par deux manifestations tumultueuses. Tout d’abord l’évêque voulant exiger la dîme à Marseille contrairement aux usages anciens, le conseil de la ville fit occuper le palais épiscopal par des troupes armées. Plus grave fut la révolte des habitants de la seigneurie de Saint-Cannat qui livrèrent le château aux bandes armées d’Amiel des Baux associé au fameux routier Arnaud de Cervole surnommé « l’archiprêtre ».
Les biens de l’évêque furent mis à sac et Robert de Mandagout ne put en reprendre possession. La date exacte de sa mort n’est pas connue mais se situe en 1359.
