
Dans une belle maison Louis XV avec son balcon en fer forgé, on peut deviner l’ancienne présence du cinéma le Colibri grâce à une vue aérienne permettant de distinguer la salle tout en longueur en fond de cours. Ce cinéma de quartier déjà existant de source sûre à la fin des années 40 contenait 351 places en 1957 puis 300 places en 1981. Il diffusait notamment des films égyptiens en version originale et servait de lieu pour des réunions politiques. Le 12 rue des Dominicaines est depuis 2016 le siège de « Marseille Droit du logement et de l’habitat AMPIL ».

Rue des dominicaines
Selon l’autre Annick Riani, au XXe siècle, à Belsunce « les lieux de prostitution se multiplièrent avant même le dynamitage du quartier réservé et la fermeture légale des maisons closes : « Au lendemain de la Libération, le quartier abritait très officiellement, rue Bernard-du-bois et rue de la Fare, des bordels réservés à une clientèle militaire, plus spécialement coloniale » ; les officiers européens, quant à eux, se rendaient rue Thubaneau et après 1946, Belsunce se couvrit d’hôtels borgnes où était pratiquée une prostitution d’abattage destinée à une population de migrants africains. Et dans une autre perspective, politique cette fois, dans l’après-guerre, se « (propagea) un mouvement indépendantiste parmi les Nord-Africains résidents en France », lequel trouva sur place toutes les infrastructures nécessaires à son activité (lieux de rendez-vous, boîtes postales et bases de propagande) : le cinéma « le Colibri », qui diffusait des films égyptiens en version originale depuis la fin des années 1940, servait de « lieu de réunion privilégié pour toutes sortes de manifestations à caractère politique, dont le public se (recrutait) dans toute la région ». En somme, vétusté du bâti, taudification et entassement, immigration, délinquance, prostitution, activisme politique et, plus tard encore, réalisation de transactions supposées illicites et fructueuses (trabendisme des années 1980) dans le fameux « triangle d’or » conférèrent à Belsunce une réputation de quartier dangereux ».
On retrouve la trace d’une société immobilière dénommée le Colibri enchanté propriétaire de biens au 4 rue des Dominicaines, mais peut-être juste un clin d’œilLe cinéma sera transformé un temps en bazar en 2009, à vendre de 2014 à 2016 avant de se transformer en » Marseille Droit du logement et de l’habitat AMPIL« .
