
Sur le mur de la tour, côté toit-terrasse de la Friche Belle de Mai, l’artiste lillois REMED, alias Guillaume Alby, est venu ici poser sa marque en 2013. À l’occasion de l’exposition « Nouvelle Vague », consacrée à l’influence de la culture street dans l’art contemporain, il a écrit une lettre sur les 60 mètres de large qui s’offrait à lui.
Sa lettre à Marseille ? « L’art c’est l’introspection extravertie. J’ai eu peur d’oublier pourquoi je peins. J’écris et je me souviens. Alors je sens, dès lors j’ai tout mon temps. Marseille, je te vis. Dès à présent, j’existe en cet instant.«
Remed se défini ainsi « J’ai découvert l’Art de peindre dans un atelier de ma ville, Lille, en 1995. J’ai longtemps travaillé à l’intérieur. J’ai toujours aimé l’intimité et le calme de ma chambre ou de mon studio. Cependant, j’ai rapidement ressenti le besoin de dépasser les limites imposées par le cadre, et aussi l’envie de montrer mon travail. C’est comme ça que je suis venu dans la rue, c’est pourquoi j’ai commencé à interagir avec mon environnement en collant des autocollants exprimant mes idées et messages ou témoins sur les murs avec du spray. J’ai enfin eu la chance de peindre des surfaces immenses, dans des lieux souvent particuliers, en étant le plus possible consciente du contexte dans lequel évolueront mes morceaux. Par contre, j’ai continué mon travail sur toile.
J’ai d’abord joué avec l’image et le texte, en créant ou en interprétant des icônes souvent associées à des lettres ou des mots.
Mes tableaux se composaient, au fur et à mesure que les idées prenaient forme. Ils portaient déjà en germe l’idée suivante, qui une fois mûrie ensemble prendrait un sens nouveau. Aujourd’hui, grâce à l’expérience de la rue qui m’a amené à synthétiser mes créations, et parce que j’ai compris que le « spectateur » ne donne pas autant de temps que j’osais l’imaginer à l’observation du travail, j’ai toujours simplifié le résultat de mon travail. C’est pour que le spectateur puisse réellement ressentir quelque chose, qu’on lui parle, sans que ma présence physique soit nécessaire. Je fais des rimes avec des couleurs, des formes et des sons pour exprimer une émotion, un sentiment ou l’évolution de la pensée. Je peins comme vous écrivez un journal intime, un carnet d’inventions ou d’essai philosophique. L’art est pour moi le mélange sincère de la science et de l’âme. Je vis ce que je ressens, je peins ce que je vis ».
