
Marseille a pu compter jusqu’à une quarantaine de lavoirs publics. Certains ouvrages évoquent celui de St Mauront comme le dernier encore visible dans la cité phocéenne…mais c’est sans compter sur celui du 13e siècle du Barquiou au Panier et sur ce lavoir du 18ème siècle de Château Gombert. L’édifice a été restauré et protégé par des grilles en 2013.

Photo lavoirs.org, Henri Lieutier
Selon le site gombertois.fr ce lavoir public, construit entre 1722 et 1725, serait même l’un des plus anciens de la région. Le lavoir, alimenté par une galerie souterraine prendrait son eau dans une source située au dessus dans la propriété dite de Carry qui deviendra par la suite la propriété Benet, puis De Gombert. En 1732, les eaux étaient si abondantes que la propriétaire de la maison voisine en aval du lavoir demanda alors aux syndics du quartier une indemnisation du fait des dégâts causés à la vigne dont les racines pourrissaient, et plus particulièrement au moulin à huile qui était installé au bas de la maison.
Le lavoir, construit en bas du ruisseau de Palama à l’angle de l’entrée du village, a été déplacé à la fin du 19ème siècle pour s’installer définitivement en sa position d’aujourd’hui.

Photo lavoirs.org, Henri Lieutier
Contrairement à une représentation très répandue, les lavandières ne s’y rendaient le plus souvent pas pour laver le linge, mais pour l’y rincer. Le passage au lavoir était en effet la dernière étape avant le séchage. Comme le lavage ne consommait que quelques seaux d’eau, il pouvait avoir lieu dans les habitations ou les buanderies où le linge s’accumulait avant la « grande lessive », mais le rinçage nécessitait de grandes quantités d’eau claire, uniquement disponible dans les cours d’eau ou dans une source captée. La lessive dans l’habitat même posant de nombreux problèmes (vapeur humidifiant les murs, écoulement de l’eau), le linge n’est alors lavé que deux fois par an (la lessive devient mensuelle dans les années 1900 et hebdomadaire dans les années 1930), les moins fortunés gardant leurs vêtements jusqu’à complète utilisation.
Ces « grandes lessives », appelées « buées », durent généralement trois jours : le premier, le linge est immergé dans d’énormes baquets de bois pour un premier décrassage ; le deuxième, le linge est lessivé dans ces mêmes baquets ou d’autres cuves, recouvert d’une toile sur laquelle on pratique le coulage, c’est-à-dire le versement de l’eau bouillante à l’aide d’un récipient à long manche sur une épaisse couche de cendres dont le carbonate de potasse constitue un excellent agent nettoyant ; le troisième, le linge est rincé et essoré au lavoir. Le bord du lavoir comportait en général une pierre inclinée. Les femmes, à genoux dans une sorte de bac en bois, le « garde genoux », jetaient le linge dans l’eau, le tordaient en le pliant plusieurs fois, et le battaient avec un battoir en bois sur la pierre afin de l’essorer le plus possible. En général, une solide barre de bois horizontale permettait de stocker le linge essoré avant le retour pénible en hotte, brouette, carriole ou charrette vers le lieu de séchage.
