
Autrefois un moulin alimenté par les eaux du ruisseau des Aygalades, le site actuel de la Savonnerie, construit en 1870, fut successivement une minoterie puis une semoulerie. Au milieu du XXème siècle, le domaine est exploité par M. Garbit, un ancien herboriste passionné devenu entrepreneur. Son groupe est également propriétaire de la Savonnerie du Midi, alors installée dans le quartier du Canet au nord de Marseille. En 1970, les installations de la Savonnerie sont transférées sur le site des Aygalades. En bas de cette fiche, un spécialiste de l’histoire industrielle Christian Marquette, nous livre ses propres recherches sur le passé de cette savonnerie avec quelques différences notables de la version de la savonnerie.
Selon la communication de la Savonnerie du Midi, trois marques (produits) existaient à la création de la savonnerie en 1894 : Aubépine, Aigle Blanc et La Corvette. Les deux premières auraient perduré jusqu’à la fin des années 1980. La troisième, La Corvette, est toujours distribuée à ce jour par la société. Mais selon Christian Marquette, un expert de l’histoire industrielle de la région, les 3 marques en question ne seraient pas du tout nés en 1894 mais dans l’entre deux guerres dans des savonneries alors complètement étrangères l’une à l’autre, la Corvette provenant effectivement de la Savonnerie du Midi tandis que l’Aigle Blanc est issu de la Savonnerie de Sainte-Anne (devenue société française de savonnerie) réunie par Garbit à la précédente en … avril 1977 sous le nom de “Société Française des Savonneries du Midi”. En 1994, la savonnerie est en difficulté et attend un repreneur. Le groupe Chimitex (aujourd’hui la compagnie du Midi) rachète alors la savonnerie.
En 2011, la Savonnerie du Midi a fondé, avec trois autres savonneries (la savonnerie du Fer-à-cheval, le sérail, La Savonnerie Marius Fabre), l’Union des Professionnels du Savon de Marseille (UPSM) qui défend un savon de Marseille fait dans la région de Marseille, avec un procédé respectueux de la tradition : une saponification en chaudrons et uniquement avec des huiles végétales. Depuis 2013, l’entreprise est gérée par le groupe Prodef, entreprise française de produits d’hygiène et d’entretien, qui a racheté la compagnie du Midi. Le groupe procède à d’importants de travaux de rénovation dans la savonnerie. Elle est l’une des dernières fabriques utilisant les procédés traditionnels, dans la région marseillaise. En 2015, la Savonnerie du Midi compte une vingtaine de salariés, répartis dans trois ateliers de fabrication. En 2018, les travaux prennent fin et la Savonnerie du Midi ouvre son site au public avec son Musée du Savon de Marseille, sa boutique d’usine et un parcours de visite d’usine.
En 2020 la Savonnerie du Midi reçoit le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Ce prix créé en 2005 et décerné par le Ministère de l’Economie et des Finances distingue les entreprises françaises qui font perdurer les savoir-faire traditionnels d’excellence.
Propriétaire de la Savonnerie du Midi depuis 2013, le groupe PRODEF est un acteur historique du secteur des produits d’hygiène et d’entretien. Depuis sa création en 1924, les 4 générations de dirigeants ont accompagné son développement en s’appuyant sur une ambition : l’amélioration constante du cadre de vie de ses concitoyens, préfigurant ce que l’on appelle aujourd’hui le développement durable. En plaçant l’innovation au cœur de sa stratégie, le groupe a créé ou développé en France et à l’international de nombreuses marques historiques connues du grand public, notamment la gamme des produits d’entretien Solitaire, les cirages Lion Noir, la teinture Ideal, la première lessive en poudre pour lave-vaisselle Opalor…Le rachat de la Savonnerie du Midi, au travers de la Compagnie du Midi, permet à PRODEF de marquer son attachement à l’héritage culturel, et de renforcer les valeurs qui ont façonné son histoire vieille de 90 ans : innover, agir dans le bon sens sur le plan environnemental et valoriser les savoir-faire humains.
Le Musée du Savon de Marseille vous propose un parcours de visite construit autour de la salle des chaudrons. Trois salles d’exposition permanentes vous permettront de découvrir l’une des plus belles collections privées de savons de Marseille. Visites guidées du Musée pour les individuels du lundi au vendredi de 10h à 17h et le samedi à 10h et 11h30. Réservation obligatoire : musee@savonneriedumidi.fr ou 04 91 60 54 04. Les Avis sur Tripadvisor.
L’historique de la savonnerie par Christian Marquette
“S’il n’a jamais existé de fabrique de bougies sur ce site en 1856, puisque tout commence en fait en 1870 avec la création de la stéarinerie de la Méditerranée dont c’est une erreur que font certains de la qualifier de fabrique de bougies puisque non seulement les procédés stéarinerie et savonnerie sont cousins du fait qu’ils partagent l’opération chimique centrale de saponification mais aussi parce que la raison sociale explicite dès la création est bien celle d’être une Stéarinerie ET Savonnerie. Mis cela de coté le problème qui se pose concernant ce que l’on peut lire au sujet de l’histoire de cette savonnerie est moins celui que l’on peut rencontrer avec les falsifications de dates comme c’est le cas avec la Savonnerie du Midi mais plutôt TOUT LE CONTRAIRE, l’histoire très riche de cette savonnerie, seul vestige de la grande époque du savon de Marseille, est bien celui d’être une histoire largement édulcorée dans la quasi totalité des relations historiques qui lui sont consacrées.
Sans trop m’attarder, il se trouve en effet que la période majeure qu’a connu cette savonnerie est tout bonnement effacée et cela même par l’Inventaire du Patrimoine Sud. Il est ainsi toujours question de la période Régis prétendument suivie par celle dite des Successeurs de Leca mais curieusement on ne semble pas se dire que si il y eu ces Successeurs de Leca c’est probablement parce qu’il a pu y avoir un savonnier nommé Leca. Le plus surprenant c’est en fait que l’activité savonnière de ce Dominique Leca est de très loin l’une de celle qui aura laissé le plus de trace concernant ce type d’activité : articles de presse, participations et récompenses dans les expositions, notes concernant l’activité de sa savonnerie, l’importance des marques, la présentation commerciale … toutes choses qui amorcées à son époque sont devenues notre quotidien …
Comment s’expliquer une telle situation ? Comme les archives des savonneries ont quasiment toutes été détruites, il me semble que les historiens ont par trop tendance à se reporter sur les archives officielles départementales ou communales. Ils y trouvent ce qui était officiellement recueilli à l’époque par les administrations, c’est à dire essentiellement des éléments relevant de l’immobilier, des finances … bref des éléments qui renvoient aux financiers et propriétaires des savonneries mais il se trouve que ces gens sont généralement distincts des savonniers locataires des installations des premiers. Si Leca a disparu des radars c’est en effet parce que Régis bien qu’ayant abandonné l’activité savonnière est resté propriétaire des lieux et le jour où Régis s’en décharge surgit alors non pas Leca qui est décédé mais bien les fameux Successeurs de Leca.
Pourtant, les produits de grande consommation tel que le savon ont de fait comme caractéristique remarquable celle de laisser une multitude de traces, des traces qui même en l’absence de leurs archives propres, une fois collectées, permettent de retracer avec une bonne précision l’histoire de ces lieux de production, ces marques, ces dirigeants …C’est ainsi qu’en ayant regroupé des dizaines (et même centaines) de documents (articles de presse, procès commerciaux, affiches, factures, exposions universelles, marques, brevets …) il m’est possible de retracer de manière documentée l’histoire très riche de la savonnerie du Fer à Cheval”.
