
En juin 1884 le choléra ravagea Toulon à partir d’un cas survenu le 13 juin chez un marin du navire «Montébello». Les habitants fuirent la ville et certains rejoignirent Marseille. Le premier cas fut déclaré le 25 juin à l’Hôtel-Dieu. Le 27 juin un lycéen de Toulon réfugié à Marseille mourut. L’épidémie provoque 1 777 décès dans la ville et des exodes massifs de marseillais.

Propagation de l’épidémie
Le 22 juin 1884, un premier cas de Choléra (un matelot est donc décédé le 13 juin mais, cas isolé, sans que cela n’attire l’attention des autorités) est détecté à Toulon. Après 1854 et 1865, une nouvelle épidémie (transmise à l’origine par le biais de militaires rentrant par le bateau La Sarthe en provenance de Saïgon et pour lesquels les procédures d’hygiène ne semblent pas avoir été complétement appliquée à l’arrivée) qui va se répandre dans le grand Sud de la France (notamment à Marseille) et même au-delà, ainsi qu’en l’Italie, en cette période de forte chaleur, notamment via le vecteur des « voyageurs » (souvent des habitants fuyant la ville ou des travailleurs, élèves d’internats, etc, renvoyés dans leurs foyers) et malgré les mesures prophylactiques prises dans les gares et dans les ports de tout le pourtour méditerranéen, va perdurer sur plusieurs semaines et faire plusieurs milliers de décès.
Voici comment la presse relata les faits

Passagers de Toulon à Marseille par le train
La panique continue plus violente qu’hier. Les chemins de fer, les bateaux, les voitures, sont envahis pour transporter les émigrants dans les campagnes environnantes, aux bords de la mer, dans les villes éloignées, et beaucoup à Paris. Six mille personnes ont quitté Toulon. Journal « Le Matin » du 25-6-1884
En gare, le mouvement d’émigration se prononce sans qu’il n’y ait rien encore d’extraordinaire. Le ministre a demandé d’être tenu au courant des l’émigration quotidienne…. Ordre est donné aux commissaires spéciaux des chemins de fer de noter le nom et la destination des personnes quittant Marseille et de les signaler aux préfets des départements où elles se rendent afin qu’à leur arrivée, elles soient soumises à une visite sanitaire…
Journal « L’Intransigeant » du 2-7-1884
L’administration du lycée a envoyé aux familles des circulaires exposant la situation et les priant de prendre une décision; 500 élèves environ sur 1,400 sont déjà partis. Le chiffre officiel des départs par les gares de Marseille pour le périmètre au delà du Vaucluse est de 300, pour la journée de lundi; dans ce nombre, 69 se sont dirigés directement sur Paris. Le commissaire spécial à la gare inscrit les noms de tous les voyageurs qui prennent des billets et en informent immédiatement les gares où ils doivent descendre….
Journal « L’Intransigeant » du 3-7-1884
Le maire insiste auprès de l’administration de la gare pour avoir une salle de désinfection unanimement demandée.
- L’importation des fruits à Paris. L’arrêté du préfet du police contre l’entrée dans Paris des fruits de Provence soulève des protestations énergiques. Plusieurs propriétaires de Barbentane et de la région de Tarascon ont télégraphié au préfet que l’interdiction de vendre les fruits de leur province à Paris les ruinera; ils insistent pour obtenir du ministre le rapport de cet arrêté du préfet de police.
Journal « L’Intransigeant » du 7-7-1884
Le mouvement des voyageurs par la voie ferrée a été depuis hier, deux heures de l’après-midi à aujourd’hui même heure, de 2,030 dont 86 pour Paris et 1,062 pour des gares situées au delà d’Avignon…. Le docteur Koch est arrivé ce matin à Marseille venant de Toulon. Il a été reçu à la gare par le docteur Metaxas, président de la commission sanitaire municipale.
Journal « L’intransigeant » 11-7-1884
Le mouvement d’émigration par la gare continue; depuis avant-hier, deux heures du soir jusqu’à aujourd’hui même heure 3,121 personnes ont quitté Marseille, dont 114 pour Paris, 331 pour l’étranger et 1,167 pour les localités au delà d’Avignon.
Journal « L’intransigeant » 14-7-1884
