
Construite par Gaston Castel en 1934 en lieu et place d’anciens domaines bastidaires, achetés par la ville en 1929, la cité Michelis est emblématique du territoire industriel de la vallée de l’Huveaune et des programmes de construction de logements sociaux de la première moitié du XXe siècle. Avec ses 276 logements répartis dans 31 immeubles, depuis quatre générations, elle est surtout un lieu d’ancrage familial pour ses habitants issus de différentes vagues d’immigration. Avec ses petits bâtiments de pierre, ses espaces verts, ses lieux de sociabilité, elle fait aujourd’hui figure de modèle d’habitat social. L’association de locataires »CLCV-Michelis et environs » mène depuis plusieurs années des actions visant à valoriser son patrimoine matériel et immatériel. Elle a rassemblé des documents d’archives et organisé des ateliers mémoire afin de donner la parole à ses habitants, pour certain en place depuis 80 ans. La cité Michelis a été labellisée Patrimoine du XXe siècle par la DRAC-PACA en 2000.
En 1932, la loi Loucheur est votée pour permettre la réalisation de 200 000 logements et proposer des prêts intéressants aux particuliers. C’est dans ce cadre que Gaston Castel est chargé de la construction de plusieurs ensembles d’Habitations Bon Marché, les « HBM », à Marseille. Une douzaine d’années après la construction de l’HBM Paul Strauss dans le quartier Saint-Gabriel, par ses confrères François Clermont et Joseph Huot, Gaston Castel réalise le groupe « Eugène Michelis », entre Saint-Loup et la Valbarelle. Cet ensemble est composé d’une dizaine de bâtiments organisés autour d’une grande cour ovale, ainsi que de quelques bâtiments isolés. Les immeubles suivent tous le même plan, et ont la même façade tripartite, à l’exception de quelques-uns, qui ont été accolés à la manière de l’HBM Paul Strauss. Chaque immeuble comporte trois étages sur rez-de-chaussée, et est couvert de tuiles creuses mécaniques sur les parties latérales. Le rez-de-chaussée est distingué par un enduit de couleur différente par rapport au reste de la façade, et une corniche saillante, qui crée une séparation nette avec les étages. Ce soubassement est souvent conçu de façon à rattraper le dénivelé du terrain, assez important selon les zones. Le corps de bâtiment central est surélevé et surplombé par un toit-terrasse, il distingue en façade les espaces de distribution, et est percé au rez-de-chaussée d’une entrée en plein-cintre. Les deux corps latéraux, plus bas, sont animés par de nombreuses fenêtres et balcons.
Cet ensemble de constructions a été complété en 1957 par l’immeuble « Michelis Million », une barre de quatre étages qui a permis de loger plusieurs centaines de personnes supplémentaires. Au sein de l’ensemble d’immeubles, de nombreux commerces de proximité se sont installés au fil des années, permettant de créer un petit centre de vie dans le quartier.
Un ouvrage signé Liliane Khouri, raconte l’histoire de cette cité.
