
Le Château Roux fut construit pour Alexis Roux (1830-1906), un industriel en produit céramique et père du poète Saint-Pol Roux. Cette demeure fut ensuite la propriété de la société générale des Tuileries de Saint-Henri, puis la mairie annexe du 16ème arrondissement après son acquisition en 1952 par la ville de Marseille. Aujourd’hui plusieurs cabinets privés y sont installés et son aspect à légèrement évolué par rapport à sa configuration initiale. Vous pourrez apercevoir sous cette bâtisse, côté 117 rue Rabelais des fresques céramiques réalisées par une association artistique.
Pierre Paul Roux, dit Saint-Pol-Roux, est né le 15 janvier 1861 dans ce quartier de Saint-Henri à Marseille et mort le 18 octobre 1940 à Brest, il était un poète symboliste. Saint-Pol-Roux représente l’archétype du « poète oublié ». C’est à ce titre qu’André Breton lui dédie le recueil Clair de terre (ainsi qu’à « ceux qui comme lui s’offrent le magnifique plaisir de se faire oublier ») et que Vercors lui dédie Le Silence de la mer (« le poète assassiné »). De son vivant même, son œuvre reste méconnue, pourtant publiée dans la revue L’Ermitage et célébrée aussi bien par les symbolistes (notamment Remy de Gourmont) que, plus tard, par les surréalistes qui donnent un banquet à la Closerie des lilas en son honneur en 1925, lequel tourne au pugilat et dont Saint-Pol-Roux s’enfuit, effrayé.

Saint-Pol-Roux, 1937
Extrait de son Ave Massilia » Marseille, fille de l’Orient, Marseille, amante de l’Espagne ! Marseille, maîtresse de l’Italie ! Marseille, sœur du monde entier ! Marseille, ô Marseille dont mon enfance a tété le soleil et sablé le mistral, je t’aime, ô ma mère, ô ma patrie, je t’aime et, malgré ma haine des marchands que recèle ton temple, Marseille, poète a son retour d’exil, je baise ton front d’aurore, tes yeux de cassie, ta bouche de grenade, tes seins d’orange et ton corps d’ambre, tes bras et tes cuisses de marbre, tes pieds de saphir, et je baise encore ton cœur de pourpre et ton âme de diamant, comme je baiserais l’arc-en-ciel de Dieu même, − ô Marseille, salut !« .
